La Compétitivité de la France en R&D: Une Illusion Maintenue par le Crédit d’Impôt Recherche 

Dans un contexte global de reconfiguration rapide des écosystèmes de recherche et développement (R&D), la France parvient à maintenir une position compétitive et attractive, en grande partie grâce au Crédit d'Impôt Recherche (CIR). Cette analyse repose sur le dernier rapport de l'Association Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT), qui révèle des données cruciales sur le coût des chercheurs en France en comparaison internationale.
Compétitivité de la France en R&D
Actualités
25 juillet 2024

Dans un contexte global de reconfiguration rapide des écosystèmes de recherche et développement (R&D), la France parvient à maintenir une position compétitive et attractive, en grande partie grâce au Crédit d’Impôt Recherche (CIR). Cette analyse repose sur le dernier rapport de l’Association Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT), qui révèle des données cruciales sur le coût des chercheurs en France en comparaison internationale. 

Le CIR, un Dispositif Essentiel pour la R&D Française 

Le CIR constitue le pilier central du soutien public à la R&D en France. Ce dispositif fiscal vise à réduire le coût des chercheurs privés, renforçant ainsi l’écosystème de R&D national. Sans le CIR, la France se hisserait parmi les pays les plus coûteux pour la R&D industrielle, se positionnant même comme le deuxième pays le plus onéreux au monde. Cela soulève des questions sur la réelle compétitivité de la France sans cet avantage fiscal significatif. 

Le graphique comparatif inclus dans le rapport de l’ANRT est particulièrement révélateur. Il montre que le coût des chercheurs en France, sans les aides comme le CIR, serait presque aussi élevé que celui des États-Unis, bien au-dessus de pays comme l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon ou la Corée du Sud. Ce dispositif permet donc à la France de proposer des coûts de R&D inférieurs à ces pays, rendant la R&D plus attractive pour les entreprises étrangères et nationales. 

La Fragilité de la Position Française 

Malgré le maintien apparent de la compétitivité, la France repose lourdement sur le CIR pour conserver ses effectifs de R&D sur le territoire. Le rapport souligne que plus de 57% des effectifs mondiaux de R&D des entreprises du “panel ANRT” sont situés en France, une réalité largement soutenue par les avantages fiscaux du CIR. En son absence, ces effectifs pourraient rapidement se rééquilibrer en faveur de pays aux coûts plus faibles. 

La situation est encore plus précaire en Europe, où des pays comme l’Allemagne ont récemment introduit des dispositifs similaires, réduisant l’écart de compétitivité avec la France. L’Allemagne, par exemple, a instauré en 2019 une allocation de recherche fédérale qui couvre 25% des salaires R&D, doublant cette assiette en 2020. Cette convergence des politiques de soutien à la R&D pourrait éroder progressivement l’avantage compétitif français. 

L’Impact du CIR sur l’Attractivité et l’Emploi des Chercheurs 

Le CIR joue un rôle crucial dans l’attraction et le maintien des chercheurs en France, et est renforcé par certaines particularités telles que le dispositif “Jeune Docteur”. Ce dernier offre un avantage fiscal significatif sur deux ans, est particulièrement essentiel pour attirer les talents de haut niveau. Ce levier fiscal apparaît donc comme un facteur déterminant pour maintenir des effectifs de R&D compétitifs et éviter notamment une fuite des cerveaux vers des environnements plus favorables en termes de coûts et de soutien. 

Cependant, cette dépendance au CIR soulève des questions sur la durabilité de la compétitivité française en R&D. Le rapport de l’ANRT incite à une réflexion approfondie sur les stratégies à long terme, notamment en renforçant les écosystèmes public-privé et en développant des compétences de pointe pour réduire progressivement la dépendance aux incitations fiscales. 

Conclusion 

La France se maintient parmi les nations leaders en matière de R&D grâce à des dispositifs fiscaux comme le CIR. Cependant, cette compétitivité est largement artificielle, masquant un coût intrinsèquement élevé des chercheurs qui pourrait faire fuir les entreprises en l’absence de ces aides. Pour pérenniser sa position, la France doit envisager des réformes structurelles visant à réduire les coûts de la R&D de manière plus durable, tout en continuant à attirer et à retenir les talents de haut niveau. Les enjeux de réindustrialisation et de compétitivité technologique imposent une vision stratégique à long terme, moins dépendante des soutiens fiscaux ponctuels. 

Références 

  • Association Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT), “Comparaison Internationale sur le Cours du Chercheur Comptabilisé par les Groupes Bénéficiaires du CIR en 2022”, Mars 2024. Voir 

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